- Une des plus anciennes abbatiales en Alsace
- Bel exemple de l’architecture romane
- Parties gothiques et baroques
- Crypte
- Orgue Silbermann
- Abbatiale Saint-Étienne ou Abbatiale Saint-Martin
- Accès
Une des plus anciennes abbatiales en Alsace
L’abbatiale Saint-Étienne de Marmoutier est une des plus anciennes abbatiales en Alsace. L’abbaye aurait été fondée au VIème siècle par saint Léobard, disciple de saint Colomban, moine venu d’Irlande.
Saint Léobard est un personnage peu connu, mais le contexte de son arrivée est intéressant, car il a été autorisé d’installer dans cette terre par Childebert II, roi d’Austrasie et roi de Bourgogne. Ainsi, cette localité noue un lien avec la dynastie mérovingienne avant que le nom d’Alsace apparaisse dans l’histoire. En effet, le nom d’Alsace sous forme de « Alsaciones » et de « Alsacius » n’a vu le jour qu’au VIIème siècle.
Cette origine témoigne le début de christianisation en Alsace et dans les provinces voisines. L’importance de l’évangélisation par de nombreux moines irlandais à commencer par saint Colomban, installé à Luxeuil-les-Bains dans les Vosges.
Par ailleurs, le nom Marmoutier provient de l’abbé Maur qui a contribué à une reconstruction des bâtiments abbatiaux ravagés au VIIIème siècle. Il est connu aussi pour avoir remplacé la règle de saint Colomban par la règle bénédictine.
L’abbaye et le village attenant ont été appelés successivement : Mauri monasterium, le monastère de Maur, et plus tard, Maurivilla, Mormünster, Maursmünster et enfin Marmoutier.
Bel exemple de l’architecture romane
Plusieurs fois reconstruite depuis la construction primitive, l’abbatiale Saint-Etienne de Marmoutier est un bel exemple de l’architecture romane issue d’une construction à neuf de vers 1140. A cette période, l’abbaye était devenue un lieu de pèlerinage.
Elle est un patrimoine faisant partie d’une des 21 étapes de la Route Romane d’Alsace.
Il est à noter que l’abbatiale a été reconstruite partiellement dans le style gothique au XIIIème siècle et dans le style baroque au XVIIIème siècle, ce qui constitue un autre intérêt architectural.
L’architecture romane se manifeste essentiellement sur le massif occidental imposant. La symétrie est prononcée avec une tour carrée centrale et deux tourelles octogonales de chaque côté.
Cette tour carrée est dotée de deux arcs en plein cintre, chacune dotée d’une baie géminée.
Le plein cintre se trouve partout sur la façade : les bandes lombardes (éléments architectures de faible saillie, régulièrement répétés, surmontés d’une frise d’arcatures en plein cintre), les arcatures, les voussures de baies et de baies aveugles et les arcade du porche.
Les lésènes (lésène : une sorte de pilastres sans chapiteau, une bande verticale de faible saillie), les baies allongées et les colonnettes ajoutent la verticalité à la façade.
La deux bandeaux (éléments saillants horizontaux longeant le long de façade) mettent un accent sur l’horizontalité.
Les pignons et les toits participent à un effet visuel rythmé par différentes formes. On trouve aussi les cercles de trois oculus sur la partie supérieure de la tour centrale.
L’ensemble visuel est ainsi équilibré avec une certaine finesse et offre le plaisir d’observer le détail.
Le décor sculpté est particulièrement saisissant tant par des motifs figuratifs que par des motifs géométriques.
Parmi les représentations sculptées, (celle qui est la plus surprenante et mystérieuse est incontestablement une figure de tricéphale. On explique qu’elle témoigne des anciennes traditions celtes, les triades celtiques. Cependant, la représentation en question n’est pas limitée à un tricéphale, car celui-ci serre un bicéphale entre ses grosses mains et enjambe une tête…
Le narthex est aussi une des parties les plus anciennes d’architecture romane.
Parties gothiques et baroques
La nef et le transept de l’abbatiale ont été construites au XIIIème siècle dans le style gothique. Ils sont ainsi dotés de fenêtres en arc brisé au niveau supérieur. Chacun des contreforts de la nef est surmonté d’un pinacle.
Sur la partie supérieure d’un mur extérieur du chevet se trouve une inscription. A titre informatif, le chœur actuel (alors le chevet aussi logiquement) date du XVIIIème siècle. Il est d’architecture baroque.
D’après le plan qu’on peut trouver à l’intérieur de l’église, le chœur conserve néanmoins en partie l’architecture gothique.
Crypte
A l’intérieur, le chemin de croix en bas-relief en polychrome, les vitraux, les autels baroques, les ogives entre autres attirent notre regard, puis l’entrée à la crypte attire naturellement notre attention.
Cette crypte archéologique est visitable depuis 1990.
Elle met en valeur les fouilles achevées en 1972 qui ont mis à jour les fondations des édifices préromans.
On y découvre des fondations, des vestiges de l’église du VIIIème siècle, des sarcophages, des cénotaphes, des bijoux…
Orgue Silbermann
L’abbatiale de Marmoutier est aussi réputée pour son orgue, car il a été réalisé en 1709 par un célèbre facteur d’orgue : André Silbermann, et complété par un autre, Jean-André Silbermann, son fils, en 1746.
En plus, cet orgue a une anecdote intéressante. En 1955, l’orgue a été restauré. Pour cette restauration, le docteur Albert Schweitzer a examiné l’orgue en compagnie de la reine Elisabth de Belgique. Oui, le docteur Schweitzer est alsacien de multi-compétences, il excellait en tant que musicien et organiste également.
L’orgue a bénéficié d’une nouvelle restauration en 2010.
Le buffet en bois finement décoré.
Abbatiale Saint-Étienne ou Abbatiale Saint-Martin
Sur le site web de la Route Romane d’Alsace, l’abbatiale de Marmoutier est présentée sous le nom de l’église Saint-Martin, alors que de nombreux sites l’appellent l’abbatiale Saint-Étienne. Pourquoi cette divergence ?
La réponse est trouvée sur le site web de la commune : l’église abbatiale Saint-Martin est devenue par un décret de 1805 l’église paroissiale Saint-Étienne suite à la vente de l’église paroissiale qui était devenue vétuste.
Bien que la Révolution ait bouleversé l’organisation de l’abbaye en expulsant les moines et confisquant les biens de l’abbaye, la disparition de la grande partie de l’abbaye est due à plusieurs incendies survenus entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle.
Accès
Depuis la gare de Saverne, prendre un bus Ligne 420 vers Wasselonne.
Se renseigner sur l’arrêt le plus proche de l’abbatiale ou de la mairie située à deux pas de l’abbatiale.
Références :
Marmoutier, Histoire de Marmoutier
2000 ans d’architecture en Alsace, L’Abbatiale de Marmoutier
POP : la plateforme ouverte du patrimoine, Abbaye de bénédictins
CANOPE, Abbatiale St-Etienne de Marmoutier
Bulletin municipal de Marmoutier N°45 septembre 2020 (PDF)
Itinéraire Orgues Silbermann, Marmoutier – Abbatiale Saint-Etienne